En Seine-et-Marne, l’intervention d’une femme sapeur-pompier dans un quartier « sensible » a viré au drame lorsque celui qu’elle était venue secourir a sorti une arme et l’a grièvement blessée !
Ce nouveau cas de pompier transformé en « victime de la victime » est un véritable scandale, mais reflète malheureusement une tendance très actuelle : en dix ans, les violences à l’encontre des soldats du feu ont triplé !
Ceci est parfaitement incompréhensible et aberrant : comment des hommes et des femmes dont le rôle est de sauver des vies peuvent-ils se retrouver à devoir sauver la leur dans le cadre-même de leurs fonctions ? Cette situation me touche d’autant plus que, parmi les bénévoles de mon association Raid Aventure Organisation, beaucoup sont pompiers !
Avec ce coup de feu porté à l’un des leurs, nous avons franchi un cap : sans réaction immédiate et efficace de la part de l’État, jusqu’où ira cette violence aveugle ?
Comment justifier que des adolescents de plus en plus jeunes « s’amusent » à incendier des arbres, du mobilier urbain, des matelas, des poubelles ou encore des véhicules dans leur propre quartier, et s’en prennent de surcroît aux personnes dont c’est le métier d’éteindre leurs idioties, ceci sans aucune conscience de la gravité de leurs actes ?
Après les insultes, les jets de pierre et maintenant les balles réelles, ces garants de la sécurité civile ont du mérite de continuer à se rendre dans ces quartiers ! S’ils le font, c’est bien parce que, eux, ont une conscience ! Ils se font un devoir de porter secours parce que c’est leur vocation ; et ils savent que la poignée de jeunes qui sèment la pagaille et la terreur ne sont qu’une minorité et que le reste des habitants de ces quartiers n’a pas à payer pour leur erreurs.
Néanmoins, ils attendent, et je les comprends, une réponse et un soutien fermes de la part de l’État. Tous deux ne peuvent passer que pas le maintien du maillage territorial. À ce titre, le renforcement des services d’incendies et de secours dans les quartiers est primordial, afin de restaurer le principe du « je te connais, donc je te respecte », valable pour toutes les forces de l’ordre et de la sécurité.
Jusqu’ici, c’était surtout l’uniforme policier qui était visé, mais désormais, tout ce qui rappelle l’État et le gouvernement devient une cible de choix pour des attaques aussi lâches que gratuites. Il faut donc accroître les opérations de prévention et de sensibilisation, notamment auprès des plus jeunes.
Seul un travail éducatif d’ampleur avec ces jeunes – aujourd’hui livrés à eux-mêmes et sans limite dans les incivilités et les violences – en association avec leurs parents, peut apporter une solution à ce problème de sécurité. N’attendons pas tout de la police : nous voyons déjà les limites de la politique de la répression.
Le Premier Ministre a annoncé des moyens supplémentaires aux forces de sécurité, mais sur le volet éducatif ? Pas un mot ! Rien non plus sur les augmentations d’effectifs au sein des forces de sécurité, alors que cette demande est sur la table depuis des années. Or, pour plus de justice, nous avons besoin d’une vision et d’une action globales – polices nationale et municipale, gendarmerie, pompiers et associations doivent travailler de concert !
Une autre piste intéressante serait la généralisation des caméras-piétons, y compris pour les pompiers, et la systématisation du dépôt de plainte en cas d’agression. Actuellement, les pompiers sont accompagnés d’agents de police ou de gendarmerie, mais seulement quand les effectifs sont disponibles, c’est-à-dire rarement !
Le Service National Universel et les dispositifs associatifs de terrain doivent également être promus et déployés massivement dans les quartiers, afin de recadrer ces jeunes et leur inculquer les valeurs de la République.
Sans un retour prompt et profond, dans ces quartiers, du civisme et du sens de ce qui fait de nous une société humaine équilibrée – à défaut d’être parfaite –, donc un retour et un réengagement de l’État envers ces populations précaires au sentiment d’abandon ancré, l’escalade des violences va se poursuivre, car la haine est un sentiment qui s’autoalimente.
Nous devons à ces jeunes et à tous les autres résidents de ces quartiers le droit à vivre et grandir dans un environnement apaisé et serein, ce qui n’arrivera qu’avec le remplacement des promesses par des actes et par la considération, la reconnaissance, réelles que le gouvernement portera à leur situation.