Puisse 2020 être l’année de l’unité nationale retrouvée

L’année écoulée a très largement donné la preuve des multiples fractures qui séparent les citoyens de notre pays, à travers les conflits sociaux qui se sont succédé – crise des Gilets Jaunes, puis mobilisation contre la réforme des retraites.

Si le ras-le-bol est général – et juste à plus d’un titre – la multitude des voix individuelles ne parvient pas à se fédérer en un seul langage propre à la discussion et à la négociation, car les intérêts propres à chaque communauté, qu’elle soit sociale, religieuse ou corporative, n’arrivent pas à être dépassés pour se hisser au niveau de l’intérêt général, indispensable à la cohésion sociale. Aujourd’hui chacun défend « son bout de gras », sans examiner si un éventuel compromis pourrait être favorable à tout le monde.

Loin de moi l’idée de minimiser les inquiétudes des Français face à notre monde en mutation. Toutefois, je constate jour après jour que ces inquiétudes, au lieu de susciter un élan commun, une réflexion constructive et collective, nous poussent à nous replier sur des cercles de plus en plus restreints, aux dépens de la collectivité citoyenne dans son ensemble, et parfois, dans certaines communautés radicalisées, en dépit des lois.

Or être citoyen, c’est avoir des droits, ainsi que la garantie d’être libre et en sécurité, mais aussi des devoirs justement pour bénéficier de ces droits. Le respect de ces devoirs et des lois est la condition sine qua non pour pouvoir vivre ensemble en société. Ainsi, une certaine dose de bon sens et de bonne volonté est nécessaire pour faire avancer les choses : s’arc-bouter sur ses positions est le meilleur moyen d’aller au conflit et d’accentuer encore notre division.

Je voudrais mettre en lien deux thématiques jusque là évoquées et traitées séparément, qui sont pour moi les grands enjeux de cette nouvelle année : le Service National Universel – qui a trait à l’éducation de notre jeunesse à l’égard de sa citoyenneté – et le Plan de Lutte contre le Communautarisme. Toutes deux devraient susciter une attention particulière de la part du gouvernement, afin de travailler sur le présent, mais aussi et surtout sur l’avenir.

Le Service National Universel est un outil important, à développer plus largement pour impliquer les jeunes citoyens français dans la vie de la nation. C’est un véritable projet de société qui promeut les valeurs républicaines, la cohésion sociale, l’engagement et l’insertion socioprofessionnelle. Différent du Service Militaire, suspendu par une loi de 1997, ce service civique est de courte durée, obligatoire et universel, et ses priorités éducatives sont le développement d’une « culture de l’engagement » pour accroître la cohésion nationale, le brassage social et territorial de l’ensemble d’une classe d’âge, l’accompagnement dans l’insertion sociale et professionnelle, la lutte contre le décrochage scolaire, et la valorisation des territoires, de leur dynamique et de leur patrimoine culturel.

La première phase d’expérimentation, menée en juin 2019, a permis de mettre en exergue les derniers défauts à résoudre, mais a également montré les prémices de ses effets positifs, la seconde prévue en juin 2020, devrait les confirmer. À terme, ce sont 800 000 jeunes par an qui seraient amenés à vivre cette expérience, de quoi opérer une vraie révolution des mentalités !

En parallèle, de manière transversale, il nous faut souhaiter une réponse gouvernementale à la hauteur pour réinvestir les quartiers marqués par un communautarisme fort et permettre le renforcement du lien social. En décembre 2019, le Ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, et son Secrétaire d’État Laurent Nunez, ont choisi de réunir en interministérielle leurs collègues en charge de l’Éducation Nationale, de la Justice et de la Politique de la Ville, avec les objectifs suivants :

  • Trouver des moyens pour lutter contre la déscolarisation,
  • Être plus offensif sur le plan des infractions pénales et celles relevant du trouble à l’ordre public
  • Veiller à la mixité sociale et à la présence des services publics sur tout le territoire national.

En effet, le racisme et le communautarisme mettent à mal nos principes républicains fondamentaux, comme la laïcité. Malgré des évolutions positives dans la lutte contre ces derniers, chaque acte raciste, antichrétien, antisémite, antimusulman demeure une atteinte à nos valeurs communes et un coup grave porté aux libertés de toutes les Françaises et de tous les Français.

Pour cela, les ministres devront avoir à cœur de comprendre ce qu’est le communautarisme, comment il naît, où plongent ses racines et de quoi il se nourrit. Cette définition est indispensable pour apporter une réponse face au repli de certains citoyens. Trop de divisions naissent de notre appartenance sociale et religieuse, de nos origines ethniques ou encore de nos intérêts personnels. Face aux fractures territoriales, numériques, sociales, culturelles qui se sont installées dans notre pays et qui se manifestent depuis de longs mois, j’aspire à l’apaisement.

En ma qualité de maire d’une commune rurale, j’ai conscience que ce changement de paradigme nous demandera à tous, politiques et citoyens, un réel effort pour rétablir le dialogue et la confiance, bases de toute relation saine, que ces dernières décennies ont mis à mal. Mais les enjeux de notre monde le valent largement, car c’est en majorité l’individualisme et la perte de sens qui minent nos sociétés modernes.

Nous avons les cartes en main : nous sommes tous responsables et acteurs d’une société unifiée. En tant que responsable associatif, je porte depuis 25 ans l’idée de la cohésion sociale sur l’ensemble de notre territoire, auprès de tous les citoyens, en particulier les plus jeunes et les citoyens en devenir. Je ne peux qu’approuver la nécessité d’une nation unifiée qui affaiblira toute forme de radicalisation.

Je joins donc mes vœux à tous ceux des personnes de bonne volonté qui s’engagent dans cette voie, qu’elles soient Président de la République ou simple professionnel ou bénévole de terrain. Puisse 2020 être l’année de la réconciliation et puissent les Français redevenir fiers de se revendiquer comme peuple !

Bruno Pomart
Ex-policier du Raid, Police Nationale
Maire sans étiquette de la commune de Belflou dans l’Aude,
Auteur du livre “Flic d’élite dans les cités” paru en mars 2009 aux éditions Anne Carrière
Président et fondateur de l’association Raid Aventure Organisation – www.raid-aventure.org